Rencontre avec l’illustratrice Camille Witt et son journal de confinement
Vous la connaissez peut-être déjà, Camille Witt est une jeune illustratrice talentueuse. Aujourd’hui nous plongeons dans son univers au charme parisien, notamment avec son journal de confinement.
Alors pour commencer, on peut voir au travers de ton Instagram ou de ton site que tu explores plusieurs styles, plusieurs thèmes, de l’illustration à la photo… Quelles sont tes sources d’inspirations et tes influences ?
Pour mes sources d’inspirations je me laisse un peu porter par ce qui vient, ce que j’ai à portée de main, mon quotidien énormément, ce que je vois, ce que je vis, mes ami.e.s, les moments drôles de tous les jours mais que je trouve plein de poésie, la vue de mon balcon aussi pas mal en ce moment ! Mais aussi les films, les livres, les poèmes que je lis et qui me plaisent.
En cette période un peu compliquée, comment est-ce que tu arrives à rester créative ? Est-ce que pour toi ce confinement est plutôt un frein à ta créativité ou un booster d’idées puisqu’on a plus le temps de penser, de s’écouter… ?
Pour l’instant oui, mais je ne peux pas trop me projeter, jusque-là je suis restée assez créative mais pas sûre de réussir à tenir des mois ! Je ne me pose pas trop de questions, du coup je prends ce qui vient. Pour l’instant c’est un boost car je peux réaliser les projets que je voulais faire depuis longtemps mais dont je ne trouvais jamais le temps ! Mais j’ai peur de tourner en rond à un moment…
Tu as eu l’initiative de faire un journal de confinement, tu peux nous en dire plus ?
Ah ce fameux journal, je ne m’attendais tellement pas à un tel engouement ! En fait, à la base j’ai fait ça pour moi, plus comme un passe-temps. J’ai vu sur le compte de Lisa Villlaret qu’elle en avait fait un à sa manière et j’ai trouvé l’idée sympa, alors j’ai voulu en faire un dans mon style. Je n’étais pas sûre de le tenir tous les jours, mais je me suis dit que ça pouvait être drôle ! Au début je tenais aussi un journal écrit mais ça m’a gonflé, alors que le journal illustré m’amuse toujours, et au final je me dis que ça me laissera une jolie trace de cette période !
Est-ce que tu t’imposes des choses dans ce processus de création et dans ce journal de bord ?
Non je ne m’impose rien, je sais que si je commence à m’imposer des choses, ça va vite me gonfler et je vais arrêter, alors je ne me force pas, je veux juste que ce journal me plaise et soit plein de couleurs !
Avec les réseaux sociaux, la période est propice à un flux constant de contenus, et surtout de pressions, et notamment envers les femmes pour rester en forme, jolies et actives… Comment tu le vis en tant qu’artiste qui a souhaité rester productive et de le partager sur les réseaux ?
C’est difficile, comme tu dis il y a une grosse pression de création et de contenu en ce moment, et j’ai l’impression de devoir publier tous les jours ! Or, si pendant une journée je ne dessine pas, je n’ai pas le temps ou pas d’idée, ce n’est pas grave, mais c’est vrai que je ressens pas mal cette pression à ce niveau-là, c’est assez pénible.
Et comment ressens-tu cette pression en tant que femme ?
En tant que femme ça va, je me fiche pas mal de ce qu’on attend de moi car j’ai confiance en moi, beaucoup moins en tant qu’illustratrice, j’ai l’impression de devoir prouver des choses. Alors que je ne me sens pas obligée de faire du sport, du pilates, du yoga. J’ai d’ailleurs arrêté d’essayer d’en faire chez moi, je déteste ça, je vais probablement prendre 3kg pendant ce confinement et c’est pas très grave ! Mais je me sens obligée de dessiner et de produire un max de contenu tout le temps.
Au travers de ton journal, tu illustres la vie de Madame tout le monde, qui a des jours meilleurs que d’autres, qui parfois travaille et parfois décide de jouer deux heures au Sims, qui un jour fait du sport et préfère faire la sieste le jour suivant… C’était nécessaire pour toi d’être vraie ?
En fait je ne m’étais même pas posé la question, car comme ce journal était pour moi, je n’avais aucun intérêt à me mentir à moi-même ! Du coup je représente juste ma journée telle que je la vis et tel que je l’interprète, c’était évident d’être vraie pour moi.
Ce journal est un moyen pour toi de faire passer un message auprès de tes followers ?
Au début je ne pensais pas véhiculer un message, je l’ai partagé un peu par hasard, peut-être même pour répondre à cette pression de contenu, justement en me disant qu’au moins, j’avais quelque chose à montrer.
Penses-tu que cette expérience aura une influence sur ta vie, tes méthodes de travail et sur tes sources d’inspirations ?
Sur ma vie sans aucun doute. Sur mon travail je ne sais pas encore, je vis plutôt au jour le jour alors je verrais bien ce qui en résultera !
Pour toi, est-ce que l’art est nécessaire dans une telle période ? Quel place prend-t-il pour toi ?
Ah oui, je pense que ça fait du bien à tous le monde ! Je trouve ça réconfortant, ça fait du bien de voir de jolies choses, des messages positifs et de soutien sur les comptes d’artistes que je suis. Et puis je vois beaucoup de gens qui me disent qu’ils se sont eux-mêmes mis à peindre et à dessiner pour s’occuper, alors c’est récréatif certes, mais je trouve ça génial ! Les gens profitent de cette période pour devenir créatifs et créer des choses, c’est incroyable ! J’espère que tout ça ne va pas se perdre après cette période car je trouve ça vraiment super.
Une petite illustration pour te résumer en cette période ?
Et après le confinement, est-ce qu’il y a de nouveaux projets sur lesquels te suivre ?
Eh bien j’avais deux expositions de prévues qui seront probablement reportées je l’espère ! La suite d’une chouette collaboration qui devrait arriver aussi une fois que tout sera terminé ! On verra bien ce que ça donnera !
Et enfin, quel(s) conseil(s) donnerais-tu pour rester créatif, ou bien pour commencer, comme toi, un journal de confinement ?
Je pense que le plus important est de s’amuser et de prendre plaisir à ce que l’on fait ! Un journal peut prendre des centaines de formes différentes et la création de manière générale aussi.
Pour avoir ses œuvres entre vos mains, c’est ici, et pour suivre son journal, juste là.
Propos recueillis par Apolline Erneste
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